La Célébration du Nouvel An Amazigh au Maroc : Une Tradition Vivante
Désormais et depuis deux ans, le 14 janvier est devenu un jour férié au Maroc. Les Marocains célèbrent le Nouvel An Amazigh, ou « Yennayer », une fête profondément enracinée dans la culture berbère. Cette célébration marque le début d’une nouvelle année selon le calendrier amazigh, qui remonte à plus de 3 000 ans. Bien que cette fête ait longtemps été célébrée principalement par les communautés berbères, elle est aujourd’hui de plus en plus reconnue à l’échelle nationale et bénéficie d’une attention croissante au Maroc.
Un Calendrier Ancien et Un Héritage Culturel
Le calendrier amazigh est basé sur un cycle solaire de 365 jours et commence en l’an 950 avant J.-C., avec l’accession au trône du roi berbère Chachnaq I. Cette date est un symbole de la résistance et de l’identité du peuple berbère face aux différentes invasions et influences extérieures au fil de l’histoire.
Le Nouvel An Amazigh, Yennayer, marque donc non seulement le début d’une nouvelle année, mais aussi un moment de réflexion sur le lien entre les Amazighs et leur terre, la nature et les récoltes. Il symbolise la résilience et l’ancrage dans les traditions ancestrales.
Des Festivités Traditionnelles
Les célébrations de Yennayer varient selon les régions du Maroc, mais elles ont en commun des éléments essentiels : les repas familiaux, la musique, les danses, et surtout la mise en avant de la culture amazighe.
Repas Traditionnels
L’une des caractéristiques les plus marquantes de Yennayer est le festin qui accompagne la célébration. Le plat le plus emblématique est le couscous, souvent préparé avec des légumes de saison et de la viande, accompagné de « Aghrom », un mélange de beurre, de miel et de semoule. Le repas est un moment de convivialité et de partage en famille ou entre amis. Dans certaines régions, le plat spécifique « Tajine de Yennayer » ou « Seffa » (un plat de semoule sucrée avec des fruits secs et du sucre) est également préparé.
Cérémonies et Rituels
Les festivités commencent généralement dès le matin, avec des prières et des rites de purification. Certaines communautés pratiquent des rites agricoles pour marquer le début d’une nouvelle saison de récoltes. Des sacrifices symboliques peuvent être effectués pour rendre hommage à la terre et aux ancêtres.
Musique et Danses
La musique traditionnelle, en particulier le « Ahouach » et le « Chaabi », accompagne les festivités. Ces danses collectives et rythmiques, souvent pratiquées en cercle, sont un moyen de célébrer l’unité communautaire et de transmettre des histoires et des légendes. Les chants amazighs, en particulier ceux qui racontent des récits historiques ou mythologiques, font partie intégrante de la fête.
La Reconnaissance Institutionnelle et le Mouvement National
Bien que la célébration de Yennayer ait été pratiquée pendant des siècles par les communautés berbères, elle n’a été officiellement reconnue que récemment. En 2021, le gouvernement marocain a décidé d’instituer le 13 janvier comme jour férié national en l’honneur du Nouvel An Amazigh. Cette décision représente un grand pas vers la reconnaissance de la culture et des droits des Amazighs au Maroc, une population qui représente environ 40 % de la population totale du pays.
Les militants amazighs et les défenseurs de la culture berbère ont longtemps plaidé pour une plus grande reconnaissance de leur patrimoine, et l’institution de ce jour férié représente un triomphe pour leur cause. Cependant, malgré cette avancée, la célébration du Nouvel An Amazigh reste encore marginale dans certaines régions du pays, et la lutte pour plus de visibilité continue.
Une Fête qui Unifie
Aujourd’hui, le Nouvel An Amazigh transcende les frontières ethniques et géographiques du Maroc. De plus en plus de Marocains, quelle que soit leur origine, participent à cette fête, qu’ils soient berbères ou non, reconnaissant ainsi la richesse de ce patrimoine culturel partagé. C’est aussi un moment pour célébrer les valeurs communes : la solidarité, la famille, le respect de la nature et de l’histoire.
Ainsi, Yennayer n’est pas seulement une fête traditionnelle, mais aussi un moyen de renforcer l’identité collective marocaine et de promouvoir la diversité culturelle. En 2025, cette célébration se poursuit avec un enthousiasme renouvelé, affirmant l’importance de la culture amazighe dans le paysage marocain.
Conclusion
Le Nouvel An Amazigh est bien plus qu’une simple fête : il est le reflet d’une culture millénaire, d’une identité forte et d’une résilience face aux défis de l’histoire. À travers les repas partagés, les danses et les chants, les Marocains, qu’ils soient berbères ou non, réaffirment leur appartenance à une tradition vivante, et Yennayer continue de jouer un rôle clé dans la transmission des valeurs et de l’héritage amazigh. Ce moment de célébration est, au fond, un hommage à l’histoire et à la culture, une manière de célébrer le passé tout en accueillant l’avenir avec espoir et fierté.